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De l’Élysée à la Société Générale : le pantouflage XXL de l’intouchable Alexis Kohler - Élucid


#politique #corruption #lacorde #guillotine2025

Directeur de cabinet d’Emmanuel Macron à Bercy entre 2014 et 2016 puis Secrétaire général de l’Élysée dès 2017 et jusqu’à mars 2025 – le 2e record de longévité sous la Ve République –, Alexis Kohler n’était pas seulement le confident, le stratège et le garant démocratique du président Macron : il était la tour de contrôle de l’État. Surnommé le « vice-président » de la République et considéré comme l’un des hommes les plus puissants de France, il a habilement façonné les décisions, imposé les arbitrages, et verrouillé la machine exécutive. Kohler a joué le rôle de « géomètre qui met en ordre la machine de l’État », qui « corrige les défauts » d’un Emmanuel Macron « saltimbanque », rapporte Le Point. Comme il l’a lui-même énoncé, son bureau (qui jouxtait celui du président) représentait une « gare de triage ». Tout passait par lui, et c’est lui qui avait le dernier mot sur les arbitrages.

Cet homme, né en 1972 à Strasbourg, passé par absolument tous les rouages de l’élite politique française (Essec, ENA – promotion Averroès –, Sciences Po, HEC, Trésor, FMI…), est discret et pudique – il refuse les interviews et n'est apparu publiquement que lors des annonces de nouveau gouvernement, sur le perron de l’Élysée – et considéré comme austère, même s’il est capable aussi de dévoiler un vrai sens du l’humour. Il arbore un profil de technocrate implacable : il « lit tout, regarde tout avec un œil laser, précis, rigoureux… le bureau comme la tête : bien rangé », pouvait-on lire dès 2017 dans les colonnes de L'Express.

Ses proches vantent son dévouement, son travail acharné, et sa compatibilité de rythme, de parcours et d’idées – libérales – avec Macron, tandis que ses détracteurs critiquent son omniprésence, son omniscience, sa toute-puissance, l’endogamie politique qu’il a encouragée et son intransigeance. Selon certains ministres, il pouvait par exemple constituer les cabinets de certains ministres, parfois exprimer des réserves sur certaines nominations, ou encore « neutraliser » impitoyablement tout rival.

Ce contrôle total du pouvoir, « AK » l’a exercé pendant huit années, à huis clos, sans véritable capacité à sentir le véritable pouls des Français : « Il n'a pas, un peu comme le président, compris l'épaisseur de la société, sa diversité. Il a une vision très élitiste des rapports sociaux et de la société. Il représente une certaine morgue qu'a eue ce pouvoir », a déploré un leader syndical dans les colonnes des Échos. Et il l’a exercé sans interruption, à un rythme éreintant.

Il n’a jamais failli, et il a traversé avec Macron toutes les crises : Affaire Benalla, « Gilets jaunes », Covid, réforme des retraites, guerre en Ukraine… Selon plusieurs sources proches de la présidence, Kohler aurait fini par s’épuiser au contact d’un président devenu « imprévisible, parfois brutal », rapporte un ancien ministre, particulièrement depuis la dissolution de 2024. Sa loyauté indéfectible, doublée d’un tempérament obsessionnel du détail, ont fini par le consumer.
De SG de l’Élysée à Directeur général adjoint de la SG

Fin mars 2025, Alexis Kohler annonce sa démission de l’Élysée (et son remplacement par Emmanuel Moulin), et dans la foulée, la banque privée Société Générale (SG)– en pleine restructuration stratégique, sous l’impulsion de son nouveau directeur général, Slawomir Krupa (encore un cost-killer salué par les actionnaires, mais aux méthodes « radicales » dénoncées par les salariés) – officialise son recrutement. Une démonstration parfaite de la porosité entre les élites administratives et les milieux d’affaires, qui fait grincer des dents.

L’on découvre alors que Kohler y occupera le poste de Directeur général adjoint en charge des fusions‑acquisitions, des marchés actions et du financement d’acquisitions, soit un poste éminemment stratégique, au moment où la SG souhaite précisément redevenir un acteur clé dans le domaine. Pour la SG – qui n’est pas une entreprise lambda mais bel et bien une partie prenante des politiques publiques, notamment dans les domaines de la transition écologique, du financement de l’innovation ou des dettes souveraines —, embaucher « l’homme qui a piloté l’économie française » équivaut à un trophée stratégique.

Alexis Kohler coche toutes les cases pour y parvenir. Il a une connaissance fine des rouages de l’État et des grandes entreprises publiques, un réseau incomparable dans les sphères politiques, industrielles et financières, et une légitimité auprès des investisseurs internationaux, friands de profils à la croisée du public et du privé. Mais du côté du bien commun, ce pantouflage a de quoi susciter l’inquiétude : comment, dans un tel contexte, garantir l’indépendance, la neutralité et l’éthique publique ?

Pour autant, quelques semaines auparavant ce parachutage du public vers le privé, la Haute Autorité pour la transparence (HATVP) a jugé ce projet de « mobilité professionnelle » compatible avec ses fonctions passées, constatant qu’« il n’a accompli, dans le cadre de ses fonctions publiques au cours des trois dernières années, aucun acte relevant de l’article 432-13 [du Code pénal] à l’égard de [Société Générale] », soulignant donc que « le risque de prise illégale d’intérêts peut être écarté ». L’autorité impose toutefois des restrictions : Kohler, cet architecte de la Macronie en charge des dossiers économiques majeurs, devra s’abstenir pendant trois ans de toute démarche auprès de ses anciens interlocuteurs publics (ministres de l’Économie successifs, Premiers ministres, directeurs de cabinet, collaborateurs de l’Élysée, etc.) – ça fait vraiment beaucoup de monde – et ce, rappelle-t-elle, dans le but d’éviter tout conflit d'intérêts.
L’affaire MSC : Kohler mis en examen depuis 2022

Pour beaucoup, il s’agit là d’un feu vert politique qui décrédibilise l’institution, surtout après des signaux plus stricts dans d’autres cas récents (par exemple, Édouard Philippe récemment refusé chez Atos). Dans certains médias, on dénonce une impunité des élites et un affaiblissement des garde-fous éthiques qui nourrissent une crise de confiance démocratique déjà bien installée. Le Monde diplomatique a par exemple accusé dans un éditorial : « La HATVP devient complice d’une dérive systémique, où les hauts fonctionnaires se servent de l’État comme tremplin vers des postes lucratifs ».

Côté politique, à gauche, Jean-Luc Mélenchon, François Ruffin ou encore des écologistes ont fustigé un « système de caste », un « copinage au sommet ». À droite, certains élus LR ou souverainistes ont également exprimé leur malaise, parlant de « connivence entre l’État et la haute finance ». Raphaël Pradeau, porte-parole d’Attac, s’interroge : « La HATVP avait elle-même saisi la justice contre lui. Comment peut-elle maintenant valider sa reconversion dans une banque ? ». Et oui ! Car la HATVP a effectivement déjà signalé Kohler à la justice, pour avoir manqué de déclarer ses liens familiaux avec l’entreprise MSC (Mediterranean Shipping Company), détenue par la famille Aponte, des cousins germains de sa mère.

Un oubli dévoilé par la presse en 2018. Mediapart révèle alors qu’Alexis Kohler, en tant que haut fonctionnaire de l’APE, a voté en conseil pour des contrats en faveur de MSC, à la suite de quoi, l’association anticorruption Anticor a déposé en mai 2018 une plainte auprès du Parquet national financier (PNF) pour « prise illégale d’intérêts », « trafic d’influence » et « corruption passive ».

En juin 2019, la Brigade financière remet un rapport préliminaire accablant. Le 1er juillet 2019, une mystérieuse « note » manuscrite du président Macron (sans en-tête officiel) est versée au dossier, faisant fi de tout respect de la séparation des pouvoirs. Y figure notamment que Kohler a révélé ses liens avec MSC au président et a demandé expressément « à ne pas traiter » des affaires concernant MSC, et que des « mesures d’organisation » ont été prises. Aussitôt, l’enquête patine : un second rapport de police fin juillet est expurgé d’éléments, et le PNF finit par classer sans suite. Ce revirement, dénoncé comme un « message », suscite l’indignation d’Anticor, qui se constitue alors partie civile.

Kohler est finalement mis en examen pour « prise illégale d’intérêts » et placé sous statut de témoin assisté pour « trafic d’influence ». Il lui est reproché d’avoir, de 2009 à 2016, « participé » à plusieurs délibérations – aux ministères des Finances et à l’Élysée – favorisant de près ou de loin le groupe MSC, malgré ses liens familiaux. « Choqué » et « indigné » que son « intégrité » soit « mise en cause », il conteste tout « avantage tiré » de cette situation. Alexis Kohler a cherché à obtenir la prescription, mais en novembre 2024, la chambre d’instruction de Paris a rejeté sa demande.

Chronologie des faits :

De 2010 à 2012 : Alexis Kohler, alors cadre du Trésor public et chef adjoint du cabinet au ministère de l’Économie, représente l’État au conseil d’administration de STX France (les Chantiers de l’Atlantique de Saint-Nazaire) et au Conseil de surveillance du Grand Port maritime du Havre. À cette époque, le principal client de ces entités est le groupe de croisières Mediterranean Shipping Company (MSC), détenu par la famille Aponte – cousins germains de la mère de Kohler. Plusieurs votes votés en conseil du port du Havre et de STX favorisent des contrats avec MSC.

De 2014 à 2016 : Au cabinet de Pierre Moscovici puis de Macron à Bercy, Kohler est responsable de dossiers industriels. En 2014, il sollicite la Commission de déontologie pour quitter son poste et rejoindre MSC : demande rejetée en raison des dossiers qu’il a traités favorisant alors le groupe maritime. Renouvelée en 2016, cette demande est finalement acceptée ! Kohler prend alors ses fonctions de directeur financier chez MSC fin 2016 tout en cumulant, parallèlement, un rôle de trésorier de la campagne d’Emmanuel Macron (28 000 € par mois à Genève). Il s’engage ensuite pleinement dans la campagne présidentielle en France.

Mai 2017 : Quelques jours après son élection, Emmanuel Macron nomme immédiatement Kohler Secrétaire général de l’Élysée. Le jour même de la passation, le président signe un revirement décisif : il réévalue à la hausse l’intérêt de l’État pour MSC face au projet de l’armateur italien Fincantieri. Officiellement, l’État « nationalise » les Chantiers de l’Atlantique pour sécuriser leur avenir. Un changement de cap industriel étrange, mais salué publiquement par Gianluigi Aponte, patron de MSC.


Malgré sa mise en examen, Alexis Kohler a gardé ses fonctions à l’Élysée, et Emmanuel Macron a publiquement déclaré faire « confiance à la justice » pour établir les faits. L’affaire a déjà coûté cher à l’image de l’exécutif : Anticor a relevé que les banques publiques (CDC et Bpifrance) ont financé pour 2,6 milliards d'euros de crédits à MSC lors de la crise Covid, un montant jugé exorbitant par rapport aux standards habituels d’intervention publique, en particulier pour une entreprise étrangère (MSC est domiciliée en Suisse), familiale (avec une gouvernance ultra-concentrée), et opaque (société de droit privé non coté en Bourse organisé en une nébuleuse d’entités juridiques internationales).

Kohler a-t-il pu, de près ou de loin, influencer ou faciliter ces financements en faveur de MSC, malgré sa position à l’Élysée et ses liens familiaux non déclarés à l’origine de sa mise en examen ?
L’homme qui ne se présente pas aux commissions d’enquête

D’un côté, l’affaire Kohler-MSC illustre parfaitement la porosité entre intérêts publics et privés, et alimente le récit d'élites qui se protègent et s’arrangent entre elles. Qu’un proche du président, mis en examen pour des faits relatifs à une entreprise, voie cette même entreprise bénéficier peu après de milliards d’euros de crédits publics sans transparence renforcée, suscite la défiance et alimente l’accusation de conflit d’intérêts structurel. De l’autre, l’arrivée d’Alexis Kohler à la Société Générale soulève également un véritable risque de réputation pour la banque française, et donc d’intérêt général et de souveraineté pour la France.

Pour un groupe engagé dans une restructuration brutale – fermeture d’agences, suppressions de postes, recentrage sur les activités les plus rentables –, le signal envoyé est trouble : les sacrifices sont pour les salariés, les honneurs pour ceux qui savent naviguer entre les arcanes de l’État et les hauteurs du CAC 40. Côté gouvernance, difficile de plaider l’éthique en façade tout en déroulant le tapis rouge à un homme qui reste, au moment même de sa nomination, sous le coup d’une enquête pour prise illégale d’intérêts.

Et puis, il y a le style Kohler qui a de quoi déplaire. En mars 2024, il ne s’est même pas présenté devant la commission d’enquête parlementaire sur les finances publiques, présidée par le député PS Philippe Brun. Convoqué en tant que figure centrale du pilotage budgétaire de l’État, il a préféré faire savoir, par lettre sèche, qu’il n’avait « rien à ajouter ». Même attitude quelques mois plus tôt face à la commission d’enquête sur la gestion de l’eau : silence radio.

Un haut fonctionnaire omnipotent pendant dix ans… mais manifestement peu désireux de rendre des comptes une fois les projecteurs tournés vers lui. Une culture de l’irresponsabilité feutrée qui fait système : le pouvoir, oui ; la transparence, pas pour moi, merci. En France, le soupçon de caste n’est plus un murmure : c’est un bruit de fond assourdissant. Et l’affaire Kohler en est l’écho le plus net.

elucid.media/democratie/de-l-e…



Le PIB et la croissance de la France 2ème trimestre 2025 - Élucid


#économie #poilitique #effondrement

Après un léger rebond de +0,3 % au 2e trimestre 2025, la croissance française reste très faible, loin de retrouver la dynamique de la période 1995-2007. Rapporté à la population, le PIB par habitant dépasse à peine son niveau d’avant-crise de 2019, ce qui traduit une stagnation du niveau de vie moyen depuis près de cinq ans.

Ce frémissement est en grande partie artificiel : la hausse des stocks des entreprises (+0,5 point) masque en réalité une demande intérieure atone (+0,1 point) et un commerce extérieur lourdement déficitaire (-0,3 point). L’économie réelle est donc en quasi-récession, et la désindustrialisation continue de peser sur le solde commercial.

Les ménages restent sous pression : revenus en hausse modérée (+0,4 %), mais charges encore plus lourdes (+0,8 %), pouvoir d’achat à peine préservé et consommation en berne. Le taux d’épargne (19 %) demeure élevé, alimentant surtout l’immobilier et l’épargne financière des plus aisés, tandis que de nombreux foyers restreignent leurs dépenses courantes.

Les entreprises voient leurs marges s’éroder sous l’effet de la hausse des taux, et les faillites d'entreprises atteignent un niveau historiquement haut. En toile de fond, la dette publique, proche de 3 500 Md€, soutient artificiellement l’activité, mais ne pourra pas croître indéfiniment. Sans cette béquille budgétaire, le modèle français, miné par le néolibéralisme européen, risque d’affronter une période de turbulences économiques et sociales.

elucid.media/analyse-graphique…



mastodon.social/@MAKS23/115186… MAKS23@mastodon.social - 🇺🇸👀 FBI asking for the public's help identifying this person of interest in connection with the fatal shooting of Charlie Kirk at Utah Valley University.



mas.to/@continuation/115185302… continuation@mas.to - "Pay Your Respects" by Mattie Lubchansky
thenib.com/pay-your-respects/


Patrick Breyer: "🇪🇺YES: Germany is not supporting the EU's #ChatControl bill as proposed!


The blocking minority needed to stop this illegal mass surveillance plan seems secured (for now). ✅

Opposition now also from LU🇱🇺 & SK🇸🇰!

#politics #freedom #privacy #democracy #1984
digitalcourage.social/@echo_pb…


in reply to 𝕕𝕚𝕒𝕟𝕒 🏳️‍⚧️🦋

That's what it feels like to be at a reasonable point on the political spectrum with a bunch of RWNJs in charge, too.
in reply to 𝕕𝕚𝕒𝕟𝕒 🏳️‍⚧️🦋

I lived, many years ago now, in an apartment complex where one of the buildings was burnt to the ground by illegal Fourth of July fireworks. Almost killed a baby. Needless to say, I was very angry, but I wasn't allowed to testify at the sentencing part of his trial.


mastodon.social/@NellytheWillo… NellytheWillow@mastodon.social - In the greenhouse...

Lithops naureeniae in flower, images taken three days apart. This species is quite petite, max 2cm wide, but with beautiful markings.

#Succulents #Lithops #BloomScrolling





universeodon.com/@UncleDuke196… UncleDuke1969@universeodon.com - “Morning, Sam.”
“Morning, Alice.”
“Nice catch today.”
“Thanks.”
“So, how’s my credit?”
“Alice…”
“C’mon, Tom gets paid on Tuesday.”
“Alright, but this is the last time.”
“You’re the best, Sam.”
“I’m a sucker is what I am.”



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Emmanuel Florac reshared this.





mastodon.archive.org/@internet… internetarchive@mastodon.archive.org - So much of today’s art world lives online: artist portfolios, digital exhibits, & indie galleries. But these sites can vanish overnight, & with them, the record of today’s creativity.
CARTA brings together 40+ museums & libraries with @internetarchive to capture and preserve these websites. From experimental galleries in LA to glassblowers in Tacoma, the web we built is being preserved.

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